Naturisme, hygiène et santé: on va plus loin

On se doute que les textiles ne sont pas tous toujours propres et hygiéniques sous leurs maillots. Si bien que, pour que nous leur accordions un avantage sur ce point, il faudrait nous démontrer que les germes (dont ils entretiennent le développement à l'insu de leur plein gré) ne risquent pas de franchir la barrière du tissu qu'ils portent. 

Or, il faut d'une part se souvenir que la combinaison humidité + chaleur est favorable au développement des microbes en tous genres. Le port d'un maillot, qui est, par définition, mouillé par l'eau et qui garde ensuite longtemps son contenu humide et chaud, favorise donc la prolifération microbienne.

D'autre part, virus et autres bactéries peuvent se disperser allègrement à travers les mailles, aussi serrées soient-elles : pour information, la taille d'un virus est de l'ordre de 0,17 à 0,30 microns et celle des bactéries se situe entre 0,20 et 10 microns ; par comparaison, la maille pourtant serrée du nylon laisse des "trous" de 25 à 2.000 microns, autant dire un boulevard pour ces germes... 
C'est entre autre pour cette raison d'hygiène potentiellement déficiente (mais aussi pour de simples raisons de propreté) que de nombreuses piscines interdisent le port du bermuda (qui a peut-être aussi été porté dans d'autres circonstances, pendant plusieurs heures, et peut donc être non seulement contaminé mais également tâché, souillé, etc... à l'extérieur comme à l'intérieur).
Cette interdiction n'a pourtant pas cours dans les supermarchés ni ailleurs, alors que le risque de dissémination des germes à travers le tissu ne peut y être exclu. 

Bref, il n'y aucune raison de penser qu'il est moins hygiénique de faire ses courses nu que de les faire habillé.
Nous venons même de démontrer le contraire !

Sachez par ailleurs que, à l'origine, bien avant donc de devenir le mouvement hédoniste qu'il est aujourd'hui, le naturisme était un mouvement ouvertement hygiéniste : on le pratiquait donc essentiellement pour des raisons sanitaires, sinon médicales !  

livre Ile naturistesDans le sillage de la littérature hygiéniste des Lumières, défendant l’idée selon laquelle le contact direct avec les éléments est nécessaire au recouvrement et à l’entretien de la santé, Marcel Kienné de Mongeot (1897-1977) a développé, entre les deux grandes guerres mondiales, le concept et la pratique de la gymnosophie (la sagesse nue), prélude au naturisme. Quand on s'intéresse un peu plus à ce père fondateur du naturisme, on comprend qu'il avait une réelle pensée globale, écologique, sociale et politique, dans le sens noble de ce dernier terme. Ses écrits annoncent les maux dont souffre notre monde actuel. Refusant de dissocier naturisme et Eros, De Mongeot avait aussi une vision assez libertaire du naturisme et se rebiffait contre les "naturistes asexués" («Présenter la nudité en commun comme une manière de castration psychologique est proprement aberrant.» ; «Il est encore plus anti-naturel de boire un -même pas deux !- verre d’alcool que de se livrer aux jeux de l’amour ! Même avec excès !»).
A la même époque, les frères Gaston (1887-1971) et André (1896-1979) Durville, tous deux médecins, ont également été à l'origine du développement du naturisme en France, dans le deuxième tiers du XX° siècle, en temps que méthode thérapeutique. Après avoir créé l’île de Physioloplis (ville du corps) à Villennes-sur-Seine (région parisienne) en 1928, ils ont transformé, en 1932, l’île du Levant, jusque là pénitencier pour enfants, en Héliopolis (ville du soleil), un lieu de "cures d'air et de soleil", dont ils ont étudié et décrit les bienfaits.
Et, puisqu'on évoque ici la mémoire des pères fondateurs, on ne peut passer sous silence Albert Lecoq (1905-1969) et son épouse Christiane (1912-2015). Ce sont eux qui ont popularisé le naturisme en le faisant sortir de son ghetto médico-élitiste. Ils ont aussi créé le magazine "La vie au soleil" (1949), la Fédération Française de Naturisme (février 1950), le Centre Héliomarin (CHM) de Montalivet en Gironde (juillet 1950) et la Fédération Naturiste Internationale (1953).

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